Sommaire
Introduction Trisomie 21 Definition de la trisomie 21 Symptômes et conséquences Comment se comporter avec un enfant porteur de Trisomie 21 Les écrans Ecrans et interactivité Interaction homme-machine : les entrées Interaction homme-machine : les sorties Developpements_recents Focus sur la tablette tactile en pédagogie spécialisée Historique Expérience face à la tablette tactile pour un jeune enfant porteur de trisomie 21. Recommandations sur l’usage de la tablette tactile pour le jeune enfant porteur de Trisomie 21 Mon experience éducative Face à la télévision Face à l'écran d'ordinateur Conclusion

Introduction

Choix du sujet

La question de l’usage des écrans pour les enfants porteurs de trisomie 21 est peu étudiée à ma connaissance, et pourtant, il est important que leur utilisation en soit raisonnée, afin d’anticiper quelques dérives qui ont des conséquences néfastes sur leur santé.

Il est intéressant d’explorer aussi tous les apports positifs des écrans pour les combiner avec d’autres activités dans le but de favoriser le développement harmonieux de l’enfant porteur de trisomie21.

Je remercie toute l’équipe enseignante et académique qui a permis ma formation en « Pratique et éthique de la communication » dans le cadre de l’Institut Biblique et Missionnaire « Emmaüs » de St-Légier en Suisse romande. Une partie des nombreuses matières enseignées ont touché à l’éducation aux médias et à une approche appropriée pour les jeunes enfants. Ce thème a retenu mon attention et j’ai souhaité l’approfondir pour les enfants en général, mais surtout pour ceux porteurs de trisomie21, étant maman d’un jeune enfant porteur de trisomie 21, John, trésor d’amour et d’espièglerie. Je souhaite partager le fruit de mon expérience, théorique et pratique sur ce sujet de l’éducation face aux écrans. L’expérimentation de la tablette tactile avec John s’est étalée sur une période de 4 ans. Elle a débuté lorsque John était âgé de 3 ans.

Je suis mariée, mère de trois enfants, diplômée de l’Université de Lyon dans le domaine des Activités Physiques Adaptées. J’ai crée et piloté dès 1998, des activités physiques d’expression reliant le livre, l’art, la musique et le mouvement dans les écoles et les associations françaises culturelles pendant une dizaine d’années. J’ai favorisé les activités de communication inter-génération en associant les personnes âgées et les jeunes enfants dans ce domaine.

Je remercie vivement toutes les personnes qui ont contribué de près ou de loin à la parution de ce travail.

Trisomie 21

Définition de la Trisomie 21

La trisomie 21 est aussi connue sous le nom du « syndrome de Down ». Cette appellation provient du fait qu’un des premiers médecins qui ont identifié les symptômes qui y sont reliés se nommait Dr. Langdon Down. La trisomie est causée par un problème de niveau génétique qui survient lors de la conception. Lors de la conception, nos parents nous transmettent en tout 46 chromosomes, qui constituent donc notre bagage génétique. Ces chromosomes vont s’associer ensemble et former ainsi 23 paires. Il arrive parfois que quelques difficultés surviennent et qu’un chromosome de plus se rajoute sur la 21e paire, « tri »signifiant trois, « some » spour chromosome, donc « trois chromosomes 21 »

Si vous souhaitez approfondir le sujet au niveau médical, voici un article de la revue en ligne « médecine et sciences » mis à disposition par Mme Giacobino, généticienne au département « génétique et développement » de Genève.

Trisomie 21 : symptômes et conséquences

Si le bébé a une taille normale à la naissance, la croissance ralentit durant les premières années, et la taille adulte est généralement inférieure à la moyenne. Le développement psycho moteur est très variable d’un enfant à l’autre. Il est souvent retardé, et s’associe à une diminution du tonus musculaire.

L’hyper laxité ligamentaire au niveau des articulations est régulièrement présente (c’est ce qui permet à l’enfant de passer de la position couchée à plat ventre, à la position assise, en passant par le grand écart).Une complication grave est la présence d’une malformation cardiaque qui nécessite une intervention chirurgicale.

Les enfants trisomiques peuvent présenter des troubles de la vue : myopie, hypermétropie. Des troubles de l’audition, conséquence d’infections ORL fréquentes peuvent venir compliquer les acquisitions du langage et de la parole, qui se font déjà avec retard.

Il peut exister des maladies associées : diabète, hypothyroïdie.

La déficience intellectuelle est présente pour la plupart des enfants trisomiques.

Cependant les compétences acquises sont très variables de l’un à l’autre. Les facteurs qui interviennent relèvent de l’éducation, de l’environnement, de la qualité de prise en charge du projet de vie par les proches : famille et professionnels.

Dans l’évolution des acquisitions, les paliers peuvent paraître longs. L’amélioration du niveau de compréhension peut contraster avec des troubles de l’élocution qui restent importants. L’élargissement des évaluations aux données comportementales et adaptatives permet de ne pas se cantonner aux évaluations du QI.

Tous ces symptômes conduisent à une prise en charge pluridisciplinaire, tant au niveau médical qu’au niveau de la rééducation psychomotrice et aussi concernant la prise en charge des déficits sensoriels

Source : le point sur la trisomie 21

Comment se comporter avec un enfant porteur de Trisomie 21

L’enfant aura souvent besoin d'aide pour décoder les règles de relation et de fonctionnement. L’installation de la ritualité dans le déroulement d’une rencontre va l’aider et le rassurer.

De même il est important de donner à l’enfant une seule consigne à la fois, car il peut présenter de grandes difficultés avec les consignes complexes, d’autant plus s’il a des problèmes de mémoire. L’enfant aura besoin de temps de pause fréquents, sa fatigabilité est grande.

En outre, l’enfant trisomique a très tôt conscience de son handicap. Il peut, par crainte de l’échec dans la communication, ne pas s’exprimer.

Pour l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, les enseignants s’appuient sur des méthodes utilisant les pictogrammes, les gestes, et divers supports de dessins et d’images. Dans certains cas, l’enfant peut bénéficier d’un support par le Français signé (langue des signes française très simplifiée). Si c’est le cas pour les enfants qui vous sont confiés, il peut être intéressant que vous y soyez initiés un minimum. Les éducateurs et les parents pourront vous y aider.

Puisque les compétences intellectuelles sont très variables d’un enfant à un autre, l’apprentissage de la lecture et les niveaux d’acquisition seront aussi très variables entre les uns et les autres. Tandis que certains ne pourront que décoder sans vraiment comprendre, d’autres auront une bonne compréhension de ce qu’ils lisent. D’autres enfin auront besoin d’un apprentissage jusqu’à un âge très avancé, nécessitant beaucoup de persévérance de la part de chacun. Tous les efforts ne seront pas automatiquement accompagnés de progrès, mais le développement intellectuel peut se poursuivre jusqu’à 30-35 ans.

Des troubles du comportement peuvent exister (de type autistique par exemple), mais d’autres troubles peuvent apparaître aussi en cas de douleur physique, de manque de sommeil, d’une situation conflictuelle, ou d’un mal-être consécutif à une inadaptation dans la situation ou l’action proposée. Y être attentif permet d’y remédier.

L’acquisition de la propreté peut-être retardée et il est nécessaire de proposer, jusqu’à un âge avancé, même à ceux qui sont propres, d’aller aux toilettes de façon régulière (toutes les heures et demi par exemple).

L’enfant aura souvent besoin d ‘aide pour décoder les règles de relation et de fonctionnement. Dans un groupe, il s’aura s’appuyer sur les autres enfants et jeunes pour identifier les lieux et les consignes valables pour tous.  L’installation de la ritualité dans le déroulement d’une rencontre va l’aider et le rassurer. Il saura s’appuyer sur le contexte. Cependant, il faudra aussi prendre garde à ce que l’enfant ne s’enferme dans cette ritualité.

Source : comment se comporter avec un enfant atteint de trisomie

Les écrans

On utilise le terme « écrans » pour désigner l’interface visuelle de tout un ensemble d’appareils aux fonctions multiples, allant des medias audio-visuels « classiques » (tels le cinéma ou la télévision) aux technologies numériques pour l’information et la communication, ordinateurs, consoles de jeux, tablettes numériques, téléphones, GPS, bornes interactives, écrans publicitaires …La caractéristique commune de ces écrans est de véhiculer des informations sous une forme principalement visuelle ( mais aussi auditive) par le moyen d’un support électronique.

Ecrans et interactivité

Les écrans permettent d’interagir avec des contenus présentés sous une forme visuelle. Toutefois, on peut distinguer différents niveaux d’interaction. Au niveau O, l’utilisateur est dans une position apparemment passive et il ne peut agir sur les contenus. Mais il est psychiquement actif, car il perçoit et essaie de comprendre ce qu’on lui présente. C’est le cas des écrans publicitaires ou informatifs.

Au niveau suivant, l’utilisateur a un degré d’action un peu plus grand, tout en restant très limité. A la télévision il peut changer de chaines de programmes ; avec le lecteur de DVD, il peut changer de vitesse, arrêter en cours de route ; avec le GPS, il peut explorer une carte en changeant le point de vue et la forme de présentation. Actuellement, ordinateurs, consoles de jeux, tablettes numériques, téléphones permettant à l’utilisateur d’agir ou de réagir sur tout ou partie de ce qui est présenté à l’écran, à des degrés variables et selon de modalités différents.IL est possible de produire du texte, des sons, des images statiques ou en mouvement, y compris des personnages et objets virtuels avec lesquels d’autres utilisateurs vont pouvoir interagir. Dans le cas d’un jeu vidéo, il est possible de donner du mouvement à des représentations d’objets (jeux de carte par exemple) ou de personnages tout en restant limité par les possibilités d’interaction établies par le concepteur du jeu.

Interaction homme-machine : les entrées

Pour interagir avec la machine, les gestes se limitent souvent à taper sur les touches du clavier et à déplacer la souris de l’ordinateur. Des développements récents ont ouvert d’autres possibilités d’entrée permettant une interaction physique de l’utilisateur avec l’interface plus « naturelle » :

- les surfaces tactiles de plus en plus fréquentes (bornes tactiles, tablettes numériques, certains téléphones et baladeurs);

- des capteurs et logiciels de reconnaissance vocale permettent de réagir à des sons produits par l’utilisateur;

- des consoles de jeux dites « kinétiques »possèdent des capteurs qui permettent la reconnaissance visuelle des mouvements de l’utilisateur;

- ces mêmes capteurs sont utilisés pour la production de certains films d’animation où des acteurs vivants font des mouvements que l’ordinateur transfère à des personnages virtuels;

- des gyroscopes peuvent être installés dans les consoles de jeu, les appareils photos ou les téléphones pour rendre l’interface sensible aux changements de position angulaire imposés par l’utilisateur, par rapport à un ou plusieurs axes.

Interaction homme-machine : les sorties

Différentes modalités de sortie permettent désormais de multiplier les formats de l’information. De fait, les écrans sont rarement limités à la seule modalité visuelle :

- Cinéma, télévision, consoles, ordinateurs, GPS sollicitent autant la perception visuelle qu’auditive;

- Certaines interfaces répondent aux actions de l’utilisateur par des stimulations tactiles, telle que la vibration, stimulus thermique, ou encore par « retour de force » (ce qui permet à l’utilisateur d’avoir l’impression de toucher à un corps qui lui résiste).L’utilisateur doit pour cela manipuler un périphérique (téléphone, manette, stylo,…)

- Parmi les développements technologiques récents on peut citer les simulateurs de vol qui permettent de reproduire mécaniquement différentes conditions d’accélération.

Pars ailleurs, les images, habituellement vues sur des écrans de dimension limitées et positionnés en face de l’utilisateur, peuvent être projetées sur de grands écrans panoramiques, ou sur de petits écrans conçus pour être portés comme des lunettes ( visio-casque), ou encore sur des écrans multiples qui entourent l’utilisateur, comme des murs d’une pièce ( environnement d’immersion).

Développements récents

Le développement de nouvelles interfaces se porte vers des systèmes de plus en plus immersifs, mais aussi vers une amélioration de la portabilité et une augmentation de la multifonctionnalité. Les téléphones portables, les baladeurs et les consoles de jeu sont désormais des petits ordinateurs de poche qui embarquent des appareils photos, des logiciels pour retoucher les images, des systèmes d’écoute et d’enregistrement des sons, des jeux, des systèmes de communication et de connexion internet.

Aujourd’hui, les enfants qui ont une console de jeux portable sont en réalité en possession d’un instrument multifonction extrêmement sophistiqué-issu de la recherche en physique la plus pointue.

Source : "Les écrans, le cerveau… et l’enfant" de Elena Pasquinelli, Gabrielle Zimmermann, Anne Bernard-Delorme, Béatrice Descamps-Latscha,paru en 2013 aux éditions « Le Pommier »

Focus sur la tablette tactile en pédagogie spécialisée

Expérience face à la tablette tactile pour un jeune enfant porteur de trisomie 21.

Démarches

Une première experimentation en 2012 avec l’I pad a été réalisée dans le cadre du Service Educatif Itinérant (SEI) pour John, âgé de 3 ans. L’I pad a été introduit d’abord avec des petites chansons ou comptines, car John présente un grand intérêt pour tout ce qui est musical. La relation avec l’enseignante du SEI, sa proximité avec John ont été déterminantes pour motiver l’enfant dans cette activité.

Au tout début de l’expérimentation, John explore peu l’écran avec ses mains, il est porteur de légère trisomie 21 avec quelques traits du spectre de l’autisme. En 2013, John initie davantage ses actions avec l’I pad et touche timidement l’écran, grâce à des applications telles que « ginger cat », colorful Balloon », « Music Color » etc.…En 2014, chaque enseignante du SEI est dotée d’un I pad à disposition, ce qui permet d’exploiter davantage l’outil. Cependant, les interventions du SEI cessent dès que l’enfant est âgé de 4 ans. J’ai souhaité mettre en place une continuité dans l’utilisation et l’expérimentation de celle-ci en tant qu’outil de communication améliorée et alternative auprès de John.

Voici une liste d’applications qui a été mise à disposition par le responsable de la cellCIPS, pour le service éducatif itinérant. Elles sont toutes classées et détaillées et pertinentes pour des actions distinctes. Elles encouragent une démarche active de l’enfant par des relations de « cause à effet », tout en étant attractives et ludiques. Elles sont utiles pour l’éveil au langage, au graphisme, à l’éveil musical et au développement d’autres compétences.

La mise en lien des activités sur l’I pad avec des situations réelles (avec des objets par exemple) permet aussi de motiver l’enfant pour d’autres types d’activités.

Ensuite, j'ai contacté le délégué informatique et responsable de la cellCIPS, Mr Fisler, qui a accueilli très favorablement ma demande et mis en place une feuille de route très claire pour encadrer notre démarche. Son expertise permet de mettre en place un protocole d’accompagnement de l’enfant dans le but de développer son potentiel en matière de communication par le moyen d’outil tel que l’Ipad. Il est nécessaire de réfléchir au préalable sur les conditions d’utilisation et sur un matériel adapté , afin de travailler en cohérence et concertation avec les autres professionnels. J’ai parallèlement fais une demande à l’office de l’assurance invalidité pour la prise en charge du matériel conseillé pour l’usage, dans le cadre préconisé par la cellule de coordination de l’informatique au service de la pédagogie spécialisée. J’ai du attendre une année mais la réponse a été très favorable.

Ensuite, à la rentrée scolaire 2014-2015, avec l’accord de la responsable de l’école spécialisée de la Fondation de Verdeil locale, j’ai pu assister à un bon démarrage du projet avec le soutien d’une petite équipe pluridisciplinaire (éducatrice, logo thérapeute, conseiller informatique) pour l’expérimentation de la tablette tactile en tant qu’outil parmi d’autres d’aide à la communication, la logo thérapeute mettant à disposition ses compétences et sa tablette tactile pour cela.

Par la suite, la poursuite du projet a été compliquée car l’école de la Fondation de Verdeil a du faire face à des soucis de changement de personnel et d’imprévus surajoutés (départ de la logo thérapeute pour raison de famille, départ pour raison de santé de l’éducatrice, toutes deux impliquées dans ce projet)

C’est hélas, en général, une grande préoccupation que de trouver des professionnels thérapeutiques et enseignants spécialisés qui soient disponibles car il y a souvent plus de demandes que d’offre. En effet, les structures pour encadrer les enfants à besoins spécifiques ne sont pas en nombre suffisant et peinent aussi à trouver du personnel et n’ont pas toujours le soutien souhaité.

Cependant, en dépit de ces contraintes, j’ai été bien accueillie par la l’école de la Fondation de Verdeil pour quelques visites et observations de séances avec la logo thérapeute qui travaillait dans cet établissement avant son départ géographique.

Observations de John en séance

J’ai pu observer quatre séances ou la logo thérapeute a travaillé la focalisation du regard après un travail dans tous les axes à l’aide de rubans. Elle a aussi travaillé l’intentionnalité du geste à l’aide d’un contacteur de couleur et la relation de cause à effet de la main sur l’outil en guidance physique et la communication à l’aide de comptines chantées.

La tablette tactile à ce moment était peu utilisée, pas plus de 10 minutes dans la séance, pour toujours faciliter l’intentionnalité du geste et la notion de cause à effet, capter l’attention, favoriser une habileté avec l’outil sans le jeter ou le casser, faciliter l’exploration tactile et visuelle.

Elle a privilégié l’application « les clipounets » que l’enfant connaissait déjà avec l’enseignante du SEI. L’enfant, à ce moment, appréciait particulièrement l’image et le son qui accompagnent ces chansons du patrimoine de la chanson enfantine. Plaisir et motivation sont au rendez-vous et le regard est bien concentré.

Pour aider à la communication, elle a essayé l’application «ginger cat» car le chat reproduit les sons éventuellement émis par l’enfant. Elle n’a pas poursuivi avec cette application trouvant la vitesse de l’application trop aléatoire .Les applications avec les animaux dont l’image et le son sont associées, ont remporté un vif succès auprès de l’enfant. Exemple «zoola».

Mon expérimentation auprès de John

Pour la rentrée scolaire 2015-2016, j’ai souhaité reprendre les observations pratiques avec la tablette tactile, ayant le matériel désormais à disposition à domicile. Les expérimentations réalisées dans le cadre familier à l’enfant sont intéressantes car il y a moins de distractions et cela permet de mesurer la motivation réelle de l’enfant pour l’activité proposée.

J’ai fait appel à une enseignante retraitée, Kate Cutter, pour des séances à domicile, afin de poursuivre mes observations pratiques avec la tablette auprès de John, porteur de trisomie 21.

Nous avons choisi le thème des animaux avec l’application «Soundtouch» puisque cette application suscite de sa part un grand intérêt.

Il est capable de pointer son doigt vers les images de son choix pour trouver la photo de l’animal et le son associé. Il peut rester concentré 20 minutes sur cette application à condition d’être guidé par l’adulte.

Pour introduire des variantes et instaurer des échanges relationnels autour du jeu, j’ai aussi invité deux petites voisines qui connaissent bien John et qui ont pris plaisir à interagir avec lui en se répartissant à tour de rôle, sous forme de jeu les interactions avec la tablette et le partage de celle-ci.

J’ai aussi à disposition des jouets en trois dimensions qui représentent des images d’animaux vus sur la tablette et qui concrétisent les représentations données et permettent la manipulation des objets et la complémentarité des apprentissages.

Pour donner du sens réel à ces images et aux objets, nous sommes aussi allés visiter une ferme, un zoo et des animaleries pour observer en mouvement les animaux vivants vus sur la tablette.

Nous avons aussi utilisé les applications Baby Animals et MusicColor. Les applications Puzzles, DoDoodles, Je Dessine, Dessin’ écrire, j’apprends l’écriture cursive sont encore utilisées en guidance et de façon très ponctuelle. Il faut veiller au maintien d’une bonne posture de l’enfant pendant l’activité, je vais revenir sur ce point important au chapitre des généralités.

Chaque enfant est singulier et a besoin d’aller à son rythme de développement et selon ses motivations. Il n’y a pas de recette magique non plus avec la tablette tactile bien qu’elle soit très attractive et qu’elle ouvre un champ de possibilités multiples tant dans les loisirs que dans les apprentissages, cependant, elle doit rester un support, parmi d’autres.

L’attention ne dépasse pas 30 minutes dans le cas de mon expérimentation.

Il est important de souligner, explique l’enseignante retraitée, que les enfants «classiques» ainsi que les enfants à besoins spécifiques, peuvent ne pas manifester d’intérêt au départ d’une activité, mais que lorsqu’ils se sentent capables et qu’ils progressent dans l’activité, l’intérêt va grandir pour celle-ci.

Ces expériences sont surtout positives car John a progressé dans l’usage et l’intérêt pour la tablette tactile.

Etape à poursuivre

Parallèlement au printemps 2016, la situation dans l’école après une année difficile s’améliore et actuellement je relance le projet de communication augmentée et alternative pour John.

Les applications «go talk» et «écrire en pictos» sont conseillées pour John par le délégué à l’informatique de l’école spécialisée, Mr Dorthe.

Voici aussi à titre indicatif une liste des applications pour la tablette tactile, mises aimablement à la consultation par son service en avril 2016. Elles contiennent un descriptif détaillé, ainsi que le prix de chaque application

Recommandations sur l’usage de la tablette tactile pour le jeune enfant porteur de Trisomie 21.

La tablette tactile est très pratique de part son ultra-portabilité, sa légèreté, sa maniabilité. On peut l’amener avec soi ou que l’on aille et cela peut permettre de capter l’attention de l’enfant, illustrer ses apprentissages de façon ludique.

Compte-tenu que les enfants porteurs de Trisomie 21 ont plus de difficulté dans la vitesse de traitement de l’information en général, que leur temps de réaction est plus lent, il est important de leur laisser du temps pour se familiariser avec l’activité ou le jeu.

Les consignes doivent être courtes, claires, concises. Il est conseillé de répéter autant que nécessaire.

La présence humaine, relationnelle, encourageante dans l’activité ou le jeu à leur coté favorise la motivation et la persévérance, ainsi que le plaisir de progresser à leur rythme.

La présence de l’adulte pour guider le jeune enfant porteur de trisomie 21 face à l’exploration de la tablette tactile me semble nécessaire. En effet, c’est important de donner du sens à ce qu’il fait, de lui formuler simplement les consignes, de les lui répéter, de l’encourager, d’être tout simplement en relation avec lui face à l’écran.

Il se peut que certains enfants aient des difficultés de perception sensorielle et que la motricité de la main en soit affectée. Dans ce genre de difficulté, qui peut s’améliorer avec le temps, ne pas hésiter à soutenir la main pour travailler le geste en guidance.

Adapter la durée de l’activité ou du jeu en fonction de la fatigue de l’enfant et de sa motivation, l’encourager sans le contraindre.

Les enfants porteurs de Trisomie 21 sont très doués pour décoder nos états émotionnels du moment. Si vous êtes convaincus de ce que vous proposez, confiants, motivés vous-même dans l’activité ou le jeu partagé, cela aura un effet positif aussi sur l’enfant accompagné. En conséquence, il serait judicieux de porter son choix sur des applications testées et approuvées par vous et l’enfant. Il est préférable de charger les applications et de les utiliser ensuite hors connexion pour ne pas subir les affiches publicitaires qui gênent la concentration de l’enfant. De plus, c’est un excellent moyen de ne pas exposer le jeune enfant à des images ou des sons non voulus. C’est notre intention éducative qui prime et non pas les multiples propositions qui sont faites par le biais de sollicitations commerciales. Certaines entreprises sont redoutables pour fidéliser leurs clients, faire un maximum de profit sans forcément s’embarrasser de moralité. Attention aux applis qui proposent des achats intégrés pour pouvoir faire plus de production. Des parents  ont pu avoir de gros soucis de carte bancaire débitée sur des jeux évolutifs à destination des enfants.

Veiller à travailler au préalable la posture correcte de l’enfant pour tous les apprentissages !

Selon le docteur Rosa Pérez, spécialisée dans l’accompagnement du handicap,

« L’enfant trisomique présente une immaturité neurologique qui fait que, au niveau intellectuel, il se trouve souvent à la limite de ses capacités. Pour l’aider nous pouvons essayer de corriger ou d’améliorer ce qui est susceptible de l’être. Nous ne pouvons pas agir directement sur les facultés intellectuelles, mais nous pouvons aider l’enfant à utiliser efficacement ses moyens. Parfois, il s’agit de corriger des attitudes physiques qui, indirectement, peuvent entraver le bon fonctionnement intellectuel. A titre d’exemple, une vision et une audition insuffisantes ne sont pas en rapport direct avec les facultés intellectuelles, mais si un enfant est en train d’apprendre à lire et que sa vision lui fait défaut, l’apprentissage sera beaucoup plus difficile, même s’il a une intelligence normale. De même, un enfant ne pourra apprendre à parler correctement s’il n’entend pas bien.»

La prise de postures anormales, un mauvais équilibre, une coordination motrice défectueuse, n’ont rien à voir arec la capacité de l’enfant à photographier de syllabes et des mots et à les reconstituer lors de l’apprentissage de la lecture. Mais l’hypotonie, le défaut postural, l’équilibre précaire provoque une grande fatigue physique et la tenue assise pendant de longues périodes peut être épuisante. Pour essayer de trouver une position confortable, les enfants bougent sans arrêt, ce qui a des conséquences négatives sur la concentration. Finalement, le travail en classe sur table devient très pénible pour l’élève, qui dépense beaucoup d’énergie à la seule fin de se tenir assis sans bouger.

Dans ces conditions, garder l’attention sur son travail est très laborieux. S’il est fatigué et distrait, il apprend plus difficilement. Il se démotive et peut tout simplement refuser certains apprentissages qui lui semblent trop complexes. Son entourage se démotive en même temps que lui, les enseignants peuvent baisser leurs exigences en considérant l’enfant incapable et certaines connaissances scolaires deviennent tout simplement inaccessibles.

Un enfant normalement intelligent sera capable, dans la majorité des cas de compenser ces obstacles et d’apprendre malgré tout. Mais un enfant qui est déjà limité dans ses capacités n’a pas suffisamment de moyens de compensation, ne peut pas apprendre ou apprend mal. La tentation se présente vite de laisser tomber ce que l’enfant semble incapable de faire et l’écarter des écoles ordinaires en l’orientant vers des classes spécialisées. Ici, les exigences étant moindres, l’enfant est supposé apprendre plus facilement. Or, les obstacles à l’apprentissage n’étant pas levés, les difficultés restent les mêmes.

La correction de la posture, l’amélioration de l’équilibre et de la coordination motrice ont des effets bénéfiques sur le travail sur table, en réduisant l’inconfort postural, la fatigue musculaire et les mouvements parasites, en augmentant la souplesse et l’amplitude des mouvements des membres supérieurs, en augmentant la capacité respiratoire et l’oxygénation cérébrale et musculaire. Ainsi augmentent la concentration et l’endurance au travail intellectuel. L’enfant se sent mieux, il a plus envie d’apprendre, est plus motivé… »

«Le tonus musculaire est en relation directe avec les mécanismes cognitifs qui autorisent le mouvement, mais aussi la connaissance et l’adaptation au milieu extérieur.»

Le docteur Rosa Pérez recommande l’équithérapie pour améliorer la posture de l’enfant porteur de trisomie 21

Source : «l’équithérapie» dans l’accompagnement de l’enfant handicapé mental, du docteur Rosa Pérez, paru en 2013 aux éditions «Dangles» pages 88 et 89

En conséquence, pour que l’enfant porteur de trisomie 21 prenne plaisir et progresse face à l’utilisation des nouveaux écrans, il me semble important de privilégier régulièrement à la base des activités physiques adaptées qui l’aident au niveau postural. Ce qui permettra un développement beaucoup plus harmonieux de l’enfant, évitera l’obésité qui peut être fréquente chez ces enfants, car certains présentent des dysfonctionnements thyroïdiens qui favorisent la prise de poids.

L’exposition aux écrans sera donc limitée et raisonnée en fonction des besoins spécifiques de cette jeune population.

Personnellement, je peux imaginer dans le proche futur, une combinaison du corps en mouvement et des apprentissages sur des surfaces murales avec les grands tableaux interactifs qui se développent déjà dans les écoles. Des applications spéciales pourraient se développer pour le bénéfice des enfants à besoins particuliers.

Mon expérience éducative

Face à l’écran de télévision

Mes deux premiers enfants étaient peu exposés dans leur jeune âge à l’écran de télévision. Ayant participé au préalable à des réunions organisées par les pédiatres, éducateurs et autre acteurs de la petite enfance sur le sujet, j’avais privilégié le principe de précaution. En effet, leurs réflexions et conclusions rejoignaient tout à fait celles du professeur Serge Tisseron , psychiatre, psychanalyste et docteur en psychologie, spécialiste de la question. Il est auteur de nombreux ouvrages sur les relations que nous entretenons avec les images et les écrans. Dans son ouvrage 3-6-9-12, apprivoiser les écrans et grandir, il donne quelques conseils simples pour un usage raisonné des écrans.

Voir la publication de Serge Tisseron

Plusieurs études ont démontré que la télévision ne favorise pas le développement du jeune enfant mais qu’elle peut surtout le ralentir.

Exemples :

1/Le conseil supérieur de l’audiovisuel en France donne à ce sujet des recommandations, surtout pour les jeunes enfants.

J’ai donc favorisé l’interaction, les jeux de sociétés, les jeux symboliques qui favorisent l’imaginaire Cela a fortement contribué à leur bonne scolarité et au développement de leur créativité.

Notre couple privilégiait la lecture d’une histoire à nos enfants avant de dormir. Nos enfants n’ont jamais eu de problème de sommeil.

J’ai donc tout naturellement appliqué cette expérience positive à notre petit garçon porteur de trisomie 21. Son sommeil est pour la plupart du temps d’une grande qualité.

«En effet , nombreux sont les enfants qui regardent la télévision juste avant d’aller se coucher. Au delà du contenu qui peut parfois affecter l’endormissement et provoquer des cauchemars, l’exposition à la lumière des écrans avant le coucher peut affecter le rythme veille /sommeil en modifiant la sécrétion de mélatonine (hormone qui facilite l’endormissement). Or, les chercheurs l’ont montré, la qualité du sommeil est un élément déterminant pour l’apprentissage et la mémorisation.»

Source : « J’aide mon enfant à bien parler »  de Caroline Bouihol, Estelle Duchaussay et Marion Ribeyre p.124, paru en 2015 aux éditions Eyrolles.
Voir l’impact de la lumière des écrans sur la santé sur le site de « sciences et avenir ».
Pour approfondir la question sur la qualité du sommeil : lire ce dossier sur le site de l'inserm (institut national de la santé et de la recherche médicale)

Face à l'écran d'ordinateur

Le père de John utilise un grand écran plat connecté à l’ordinateur familial pour monter à John des photos des membres de la famille, de paysages vus en vacances, de faune ou de flore qu’il a prise à cet effet. C’est un moment de partage et de relation conviviale autour de l’écran qui permet aussi de commenter ce que l’enfant voit et de lui expliquer les images à l’écran. D’autres membres de la famille se joignent volontiers à cet échange qui peut se prolonger au maximum une heure.

Sur internet, nous sélectionnons au préalable certains sites éducatifs en privilégiant les courtes vidéos de petites chansons pour enfants que John aime regarder et écouter au salon avec nous et qui sont parfois en anglais, la langue maternelle de son père. L’activité, en fonction de l’attention de John ne dure pas plus d’une demi-heure.

Une dernière tendance « la modélisation par la vidéo » se développe et semblerait efficace pour les enfants à besoins particuliers et peut être appliquée aux jeunes enfants porteurs de trisomie 21 car une partie d’entre eux présentent des troubles du développement apparentés à l’autisme.

AGIR pour l'Autisme est une association régit par la loi 1901 reconnue d'intérêt général, qui a pour but d'accompagner et de soutenir les familles touchées par l'autisme et de défendre leurs droits. Cette association de familles et de sympathisants, unis pour faire connaître et reconnaître ce handicap se bat pour une prise en charge éducative et pédagogique hors du champ psychiatrique.Ils mentionnent que « Le Vidéo modeling ou La modélisation par la vidéo est une forme d’apprentissage par observation dans lequel les comportements désirés sont appris en observant une démonstration vidéo et en imitant ensuite le comportement du modèle. La modélisation par la vidéo a été utilisée pour enseigner beaucoup de compétences, y compris des compétences sociales, de communication et de motricité. Cette méthode a été également éprouvée avec succès pour enseigner l’empathie, ou la perspective. Elle peut être une intervention complémentaire pour des enfants atteints de troubles du spectre autistique. La modélisation par la vidéo est particulièrement efficace et est utilisée dans des méthodes comportementales telles que l’ABA. Elle est utilisée comme une aide pour apprendre des comportements adaptés ou dits « cibles » à des individus avec handicaps. Le Vidéo modeling est un outil utile aux parents, éducateurs ou professionnels de santé : il permet d’acquérir, d’augmenter ou de généraliser des comportements plus rapidement qu’avec la modélisation vivante et requière énormément moins de temps que cette dernière.»

Source : http://www.agirpourlautisme.com/video-modeling

Conclusion

Face à la multiplication des écrans dans les foyers, télévisions, ordinateurs, tablettes tactiles, Smartphones, il est normal que les parents et les professionnels de l’enfance réfléchissent à un bon dosage et à un bon usage de ces outils et de leur poser un cadre.

Chaque enfant est unique et selon le contexte familial et l’environnement, c’est à l’adulte de savoir ce qu’il souhaite transmettre selon ses valeurs et ses convictions en matière d’éducation aux écrans.

Les dérives face aux écrans et leurs conséquences sur la santé de l’enfant porteur de trisomie21

Une forte exposition aux écrans est néfaste pour l’enfant en général et encore plus pour celui porteur de trisomie 21 .En effet, les problèmes dus à l’obésité, risque important chez la plupart de ces enfants vont s’aggraver. L’enfant est aussi susceptible de développer des troubles du sommeil, ce qui aura un impact négatif sur sa mémoire et ses apprentissages, notamment ceux du langage. De plus, l’inconvénient d’une grande exposition engendre des troubles de la vue et de l’attention et induit une plus grande passivité dans son comportement. Il peut être hypnotisé face à un écran passif tel que la télévision et en conséquence manquer les stimulations essentielles à son développement psychomoteur.

Avantage des écrans interactifs tel que l’écran tactile (tablette ou tableau)

La tablette tactile est attractive, agréable et pertinente pour aider le jeune enfant porteur de trisomie 21 dans ses apprentissages .Bien préparée, bien encadrée dans un usage sécuritaire et responsable, l’activité est motivante, maintient la concentration et donne un sentiment de compétence à l’enfant.

On peut inclure cette activité comme support visuel, sonore et tactile pour faciliter la communication, la compréhension et la rétention des informations chez l’enfant.

La présence de l’adulte pour guider le jeune enfant face à l’exploration de cet écran me semble incontournable. En effet, c’est important de donner du sens à ce qu’il voit, d’être tout simplement en relation avec lui et ceci face aux écrans en général.

Puisqu’il est vital d’améliorer le tonus cérébral grâce au tonus postural chez ces enfants dont le développement est plus lent de manière générale, il me semble important de privilégier la piste du tableau blanc interactif (TBI) qui permet de combiner les apprentissages avec la dynamique du corps entier.

L’écran interactif, de par son ouverture au multimédia offre un potentiel très riche d’activités pédagogiques et de loisirs diversifiés. On peut sélectionner ou créer des contenus pertinents et proches de l’intérêt de chaque enfant.

Ces types d’écrans décuplent aussi les possibilités pour l’enfant de collaborer avec des pairs, d’être encouragé, guidé, valorisé et progresser avec motivation et plaisir.

Les écrans surtout tactiles, utilisés avec raison et de façon structurée, sont un outil utile, et bien combinés avec les autres activités, favorisent le développement harmonieux de l’enfant porteur de trisomie21. Il est nécessaire de préparer et maitriser le contenu à l’avance, de le cadrer dans des limites de temps pour ne pas fatiguer l’enfant. Il sera utile de réajuster, diversifier, complexifier les contenus pour l’adapter au développement de chaque enfant. Les écrans, lorsque l’enfant n’est pas livré à lui-même face à eux peuvent ajouter un support à la relation avec les autres. Il est possible de trouver une variété de combinaisons dans la relation avec l’adulte ou des pairs et de ne pas être seul face à un monde fictif.